Des dizaines de milliers de Chinois travaillent depuis une dizaine d'années en Algérie où certains se sont installés, mais la plupart vivent toujours à l'écart de la population en raison notamment du handicap de la langue, estiment les habitants
Fin 2008, 2.000 techniciens chinois sont arrivés dans le pays pour renforcer les équipes du groupement chinois Citic-CRCC qui réalise un tronçon de 528 km de l'autoroute est-ouest, longue de 1.216 km .
Plus de 25.000 Chinois vivent en Algérie, selon la presse locale.
"Ces ouvriers sont pratiquement coupés de la population algérienne. Ils vivent dans des bases de vie érigées près des chantiers et se déplacent en groupe, même quand ils font leurs achats", affirme un chauffeur algérien d'une société chinoise de construction.
Nombre d'entre eux se sont cependant installés en Algérie, depuis 2002 surtout, investissant dans des commerces de prêt-à-porter, maroquinerie, bijouteries ou bazars notamment, comme à Bab Ezzouar, dans la banlieue-est d'Alger.
Ce petit Chinatown a grandi et une cohabitation avec les Algériens s'est installée.
"Le +péril jaune+ ne menace pas l'Algérie, les Chinois sont bien perçus malgré les barrières de la langue et de la culture", estime ainsi le politologue Rachid Tlemçani.
"Les ouvriers chinois vivent et travaillent dans des conditions difficiles, que beaucoup d'Algériens n'accepteraient pas, il n'y a donc pas de compétition entre les deux populations. Ce sont deux mondes à part qui réussissent à s'accepter", ajoute-t-il.
Mais cette bonne entente a volé en éclat en août après des affrontements entre membres des deux communautés à la suite d'une banale dispute liée à un problème de stationnement.
"C'était prévisible. Les Chinois ont envahi le quartier", lance un grossiste algérien, dont la boutique est entourée de magasins chinois, près de trois mois après les faits.
"Ils ne font aucun effort pour créer des liens ou apprendre la langue locale", enchaîne un habitant du quartier.
Depuis, les appels à la coexistence lancés par les autorités semblent pourtant avoir été entendus.
"L'hostilité des Algériens a diminué mais les Chinois restent toujours à l'écart de la population locale", témoigne Loubna, 20 ans, vendeuse dans un magasin de chaussures chinois et portant le hidjab (voile islamique).
La jeune fille affirme qu'une partie de la population éprouve même de la sympathie pour ces nouveaux immigrés. "Cela fait trois ans que je travaille chez eux. Ils sont d'une correction exemplaire", dit-elle.
"Ils font tout pour ne plus déranger les Algériens, ne jettent plus leurs ordures devant leurs magasins et ne consomment plus d'alcool en public", enchaîne un commerçant algérien.
Après les affrontements, l'ambassadeur chinois avait appelé ses compatriotes à "respecter les lois et coutumes locales".
Leïla, employée dans un magasin de maroquinerie chinois, rejette pour sa part l'idée que "les affrontements avaient un lien avec la religion.
C'est totalement faux. Tout est lié au commerce. Les Chinois qui pratiquent des prix défiant toute concurrence ont raflé la majorité de la clientèle", explique-t-elle.
Fidèles à leur réserve habituelle, les marchands chinois refusent quant à eux de s'exprimer.
Selon l'ambassade de Chine à Alger, les relations entre Chinois et Algériens vont "de mieux en mieux". "Deux mariages ont été célébrés il y a quinze jours entre des Chinois et des Algériennes", souligne une porte-parole de l'ambassade.
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